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Sur ces faces latérales se déploie l'entrelacs classique des chaires almohades, qui se retrouvera au xive siècle à la chaire de la Bôu Inaniya, à Fès et au xvie siècle, à celle de la mosquée Mouassin à Marrakech. Les baguettes qui forment ces entrelacs sont ornées de marqueteries d'ivoire et de bois précieux, très proches par leur disposition et leurs couleurs, de celles de la chaire de la Qasba à Marrakech, et plus encore de celles du minbar de la Bou Inaniya.
 
Mais alors que, dans toutes les chaires marocaines qui nous sont connues, cet entrelacs enserre des panneaux sculptés, il entoure ici des panneaux de marqueterie. Un entrelacs, dessiné par un filet blanc simple ou double, liseré de noir, s'adapte à la forme du panneau. L'espace central, hexagone ou étoile à huit pointes, est orné de marqueteries, à centre clair, toujours à base d'étoiles à huit pointes.
 
A certains endroits, ces motifs complexes sont remplacés par de simples semis qui font alterner de menus carrés de marqueterie, différents de dessin.
 
On aperçoit encore, au pourtour des plats, les restes d'une inscription koufique, elle aussi traitée en marqueterie. Sur un fond moucheté s'enlève une écriture très élégante, dont les formes ont été adroitement géométrisées pour s'adapter à la technique de la marqueterie. Les hampes des lettres sont assez hautes mais n'admettent, bien entendu, aucun ornement adventice. Ce koufique simplifié et ramené à des formes rectilignes fait honneur aux décorateurs du xiiie siècle.
 
En effet, il n'est pas douteux qu'on se trouve là, en face du minbar dont le sultan mérinide Abou Yaqoub dota la mosquée réparée et agrandie par ses soins. La composition de cette chaire dérive manifestement de celles des grands minbars almohades. Ses marqueteries se placent à mi-chemin entre celles des chaires de Marrakech et celles du minbar de la Bou Inaniya.
 
Il nous révèle qu'il existait un type de minbar tout entier décoré de marqueterie. On est tenté de croire que ce type de chaire s'est formé au XIIIe siècle. A la chaire de la Qasba, les marqueteries tenaient, au détriment de la sculpture, une place plus grande qu'à la Koutoubiya. Ce meuble plus qu'à demi ruiné nous montre peut-être le terme d'une évolution commencée au siècle précédent. Mais cette nouvelle formule semble avoir été assez vite abandonnée. La chaire de la Bou Inaniya revient à l'alliance traditionnelle de la sculpture et de la marqueterie.
Le minbar de la grande mosquée de Taza (Pl. LXX) est aujourd'hui bien mutilé. Toute sa partie supérieure a été refaite, très maladroitement, mais avec des bois mérinites du xive ou du xve siècle, empâtés d'épaisses couches de peinture vermillon et grossièrement rehaussés de filets blancs. L'arcade d'entrée et la rampe - cette dernière évidemment surajoutée - sont de menuiserie assez médiocre. Seules les «joues» du minbar permettent de juger de l'oeuvre ancienne.
- LE MINBAR :
Vue du sahn, cette boiserie n'est qu'un écran de menuiserie. Sans décor et couronnée de merlons dentés, sa partie centrale, exhaussée, forme, non pas un tympan en demi-cercle, comme dans certaines boiseries mérinites, mais un cintre polygonal à onze faces. Un cadre haut et mince était fixé sur le panneau central. Peut-être contenait-il une arcature qui marquait le rôle de anaza que doit logiquement jouer cette barrière.
 
En effet, la face qui donne sur l'oratoire est beaucoup plus ouvragée; elle se divise en toute une série de panneaux aux encadrements moulurés. Le tympan est orné d'un entrelacs polygonal enserrant un médaillon épigraphique et bordé de deux bandeaux à entrelacs et d'un tore cordelé. Sous le tympan, six arcatures en plein cintre outrepassé, avec des écoinçons floraux sculptés, s'étagent en deux registres. La plus basse des deux arcades centrales porte une inscription cursive peinte, malheureusement presque effacée. Les autres sont ornées de baguettes d'entrelacs. Moulures et panneaux lisses sont couverts de peinLures florales.
 
Cette luxueuse façade tournée vers l'intérieur de la mosquée étonne. Par ailleurs, il faut noter qu'aux anaza-s de la grande mosquée de Fès jdid et de la mosquée Mouassin à Marrakech, une inscription occupe l'arcature centrale. On est amené à se demander si la 'anaza de Taza n'a pas été retournée et si nous n'avons pas à l'intérieur ce qui était le décor extérieur. Aussi bien, les angles de la boiserie présentent des traces de remaniements.
 
De toute manière, il s'agit d'une oeuvre récente : le style des menuiseries et des peintures, qui mêlent aux thèmes hispano-mauresques, des types floraux orientaux, comme la feuille lancéolée et l'oeillet, ne permet pas de faire remonter ces menuiseries au delà du xviie siècle et peut même leur assigner une date beaucoup plus récente. L'afrag qui clôt le carré du mihrab est fait d'une lourde menuiserie dont les panneaux sont peints de couleurs criardes.
On ne sait à quelle époque l'arcade d'entrée de l'oratoire almohade fut muni d'une 'anaza. Logiquement la mosquée aurait dû posséder ce mihrab auxiliaire du sahn, dès l'agrandissement mérinite: mais rien ne permet de l'affirmer.
 
Aujourd'hui le degré unique qui donne accès du sahn à la salle de prières est creusé, dans l'axe de la nef centrale, d'un défoncement pentagonal. L'arcade est en grande partie bouchée par une barrière de bois qui empiète sur l'intérieur de l'oratoire. Son fond est fixe : dans ses petits côtés s'ouvrent deux portes.
- LA ANAZA :
Console supportant la couronne du grand lustre
Segment de la couronne du grand lustre
Coupole nervée à l'intérieur du grand lustre
Parties médianes du grand lustre
Haut du grand lustre
- HISTOIRE DU LUSTRE :
 
Dès sa construction, le grand lustre de la mosquée de Taza fut célèbre. L'historiographie mérinite fait l'éloge de cette oeuvre exceptionnelle de la bronzerie musulmane.
 
Le Rawd al-Qirtas précise qu'il fut mis en place à l'achèvement de la mosquée en 693 H-I294 J.-C. Il pesait 32 quintaux, possédait 514 calices ou godets, destinés à recevoir l'huile. Il avait coûté 8.000 dinars.
 
Les voyageurs et les historiens - qui ont coutume de taire les richesses décoratives qu'enferment les mosquées - signalèrent plusieurs fois le grand lustre de Taza.
 
Ce lustre étonne d'abord par ses dimensions : il mesure près de quatre mètres de hauteur sur deux et demi de largeur. On conçoit qu'on ait tenu compte de sa présence dans l'architecture et dans la décoration de la mosquée. Aucun lustre orné de cette taille n'a été signalé en Orient. En Occident, le grand lustre de la Oarawiyn à Fès - le seul qui puisse lui être comparé - est un peu plus petit.
 
Ce lampadaire de dimensions inusitées - qui est à lui seul comme un monument à part -nous est parvenu dans un état de conservation remarquable. Sans doute il a perdu les supports des godets à huile qui se disposaient tout autour de ses plateaux étagés ; mais quelques restes de leur base et les supports- du petit lustre permettent de les restituer dans leurs grandes lignes. Les bobéchons de sa couronne inférieure ont disparu, à l'exception d'un seul, dont les formes et le décor n'ont subi aucune altération. Quelques panneaux ajourés ont souffert: mais tantôt des panneaux semblables subsistent en plusieurs exemplaires, tantôt il est très facile de rétablir le décor dégradé.
 
Ces mutilations de détail n'apparaissent pas de prime abord, lorsqu'on découvre le lustre dans l'encadrement de ses arcs à lambrequins : tous les ornements soigneusement débarrassés de la crasse de poussière et d'huile qui les recouvrait, apparaissent dans toute leur fraîcheur de taille. Le métal, préservé de toute oxydation profonde, est couvert d'une belle patine assez claire et assez uniforme pour ne jamais nuire à l'ornement. L'historien du décor a donc la chance de se trouver devant une ceuvre complète qui vaut d'être étudiée en détail.
 
- COMPOSITION GENERALE DU LUSTRE :
 
Le lustre de Taza est le type même du lustre hispano-mauresque. Il suspend à une longue hampe, ponctuée d'ornements divers, une série de plateaux de plus en plus larges où se disposaient les godets à huile. Le corps du lustre a ainsi l'aspect d'un cône à gradins. Le plateau inférieur s'élargit considérablement : il est entouré, non pas de supports de godets, mais de merlons dentés. Des consoles relient le grand plateau à une couronne àseize pans qui lui sert de socle; à chaque angle un bobéchon pendant achève le lustre. Entre les consoles se disposent seize panneaux ajourés d'une grande richesse. L'intérieur du lustre est formé d'une coupole nervée dont les arceaux enserrent de luxueux panneaux floraux.
 
Les trois parties principales du lustre sont inégalement ornées. La hampe est richement décorée : ses détails se perdent dans la pénombre. Les plateaux à gradins qui étaient presque entièrement masqués par les godets à huile ont un décor plus large et plus rare. Mais le grand plateau, ses annexes et la coupole intérieure sont entièrement couverts d'ornements. Le lustre ne devait pas seulement illuminer la mosquée et attirer les regards de loin, la lumière qui émanait de lui devait mettre en valeur son luxe et sa propre beauté: aussi n'a-t-on pas hésité à développer dans un but tout décoratif - les parties basses du lustre, alors que la structure du lampadaire ne les exigeait nullement.
 
- CARACTERES GENERAUX DU DECOR DU LUSTRE :
 
Si le décor du lustre s'apparente étroitement par son ordonnance, son esthétique et ses formes d'ensemble, au décor monumental de la mosquée elle-même, il en diffère par maint détail.
 
Le décor géométrique est rare et ne figure, dans les parties supérieures du lustre, que sous la forme de réseaux d'entrelacs, très simples et qui n'admettent pas d'éléments floraux. On ne voit dans le lustre aucune étoile polygonale. La géométrie, dans cette grande oeuvre reste donc archaïque.
 
Le décor épigraphique s'emploie au lustre comme au mihrab pour remplir des médaillons et surtout pour meubler des encadrements : le koufique reste abondant et s'associe toujours à des motifs floraux, tantôt disposés en éléments isolés entre les hampes des lettres, tantôt accrochés à des rinceaux. Mais, en dehors des grandes eulogies qui ornent la face inférieure du plateau, les hampes se compliquent, moins souvent que dans le décor sur plâtre,de noeuds d'entrelacs et les hampes ne viennent que rarement, par leurs retours, occuper le haut du champ épigraphique.
 
Le cursif, toujours associé à la flore, est d'une rare qualité et d'une grande élégance. Les hampes des lettres restent hautes, les mouvements des caractères qui se disposent sur la ligne d'écriture, mesurés et ordonnés. Les deux inscriptions du grand plateau comptent parmi les plus beaux naskhi-s andalous.
 
L'épigraphie du lustre,. dans la faible mesure où elle se distingue de celle de l'oratoire, apparaît donc un peu moins évoluée.
 
C'est surtout la flore qui se montre archaïque dans ses formes de détail. La palme simple a ici presque partout le pas sur la palme double et elle ne se trouve guère qu'en ses types dissymétriques. Les formes florales secondaires, nodosités et crochets, restent abondantes.
 
Le système de digitations est assez spécial et s'explique par la technique de la ciselure sur cuivre. Les rinceaux floraux sont presque toujours refendus par une rainure. Les formes florales de quelque épaisseur sont évidées en leur centre, le bord extérieur des feuilles est finement dentelé ; mais la digitation d'acanthe n'apparaît pas ici. Ce système assez spécial de digitations a l'avantage d'accuser les formes géné~ales des. thèmes floraux et d'éviter, dans ce décor assez menu et toujours couvrant, le foisonnement des lignes de détail.
 
Les décorateurs du lustre ont su user des formes lisses, soit lorsqu'ils ont voulu, comme sur les faces des gradins, que leur décor restât vigoureux, soit lorsqu'une inscription ou un motif d'entrelacs devait se détacher sur un fond de palmes.
 
Chose curieuse : les caractères généraux de ce décor floral et ses archaïsmes eux-mêmes, se retrouveront - parfois jusqu'à nos jours - dans la bronzerie marocaine. Les ciseleurs sur cuivre, après les grandes oeuvres du XIIIe siècle, ont eu tendance à fixer leur répertoire ornemental alors que le décor sur plâtre continuait d'évoluer.
Traduction: « 0 toi qui regardes ma perfection, assure ton regard et fais jouir ton ceil de ma beauté qui resplendit.
 
« je suis le lustre dont Taza s'enorgueillit - parmi les villes ; le temps ne verra rien qui me soit semblable.
 
« J'ai été coulé dans le moule de la beauté éclatante ainsi que l'avait voulu le prince Abou Ya'qûb lorsqu'il a donné l'ordre de me construire. »
- INSCRIPTION DU LUSTRE DE LA GRANDE MOSQUEE :
Coupole nervée devant mihrab.
Claustra de la travée devant mihrab
Minaret façe S. E. avant restauration
Chapiteau Almohade
Décor des piliers de la nef axiale
Minaret façe S. E.après restauration
- LE DECOR DU MINARET :
 
Il est difficile d'apprécier dans son ensemble le décor qui fut ajouté, à la fin du XIIIe siècle, au minaret almohade. Depuis lors certaines baies ont été aveuglées : des arcs ont été remaniés ou remplacés par des linteaux de bois. Toutefois la frise de zellijs qui couronnait la tour semble bien due aux artistes d'Abou Yaqoub. Des étoiles polygonales se déployaient sur toute sa largeur. La même solution décorative avait été adoptée au minaret de la grande mosquée de Fès Jdid. Mais ici les eptrelacs sont dessinés par de larges traits ; la couleur ne se dissocie pas encore en taches multiples et menues. La polychromie restait discrète et parfaitement accordée à la teinte ocreuse du minaret almohade.
 
A l'une des baies de la face sud-est0 se voient encore quelques vestiges d'un encadrement de zellij : une inscription cursive qui s'achevait sur un médaillon lobé.
 
De tout cela, une seule chose à retenir : quelques touches de couleur avaient orné, dès le XIIIe siècle, l'austère minaret d'Abd el Moumen et l'avaient mis à la mode des temps nouveaux.
 
- LES RESTES DU DECOR ALMOHADE DE L'ORATOIRE :
 
Un des chapiteaux almohades de la travée devant mihrab a subsisté'. C'est un composite à bandeau. Sous l'empâtement de chaux, on distingue une courte corbeille d'acanthes plates et un bandeau qui semble être lisse. Les volutes sont formées par le grand lobe des deux palmes doubles, munies de bourgeons axillaires et dont les deux lobes les plus courts viennent former le haut du chapiteau. Le tasseau, très important, semble être fait au moins à sa partie supérieure - d'une feuille d'acanthe plate.
 
L'arcade devant mihrab de l'oratoire d'Abd el Moumen a été conservée elle est faite de deux arcs à lambrequins séparés par une archivolte moulurée et retombant sur des motifs serpentiformes. Ces deux arcs ont exactement la même ligne et les mêmes découpures florales que les arcs de Tinmel. Mais les deux faces de cette arcade, ainsi que l'archivolte moulurée qui sépare les deux arcs, ont été recouverts de décors mérinites. Au sommet de l'arc, des plâtres du XIIIe siècle sont tombés et on peut voir le repiquage qui fut exécutésur l'arc almohade pour faire adhérer le nouvel enduit.
 
Un chapiteau et deux arcs à lambrequins sont bien peu de chose. Ces vestiges empâtés ou remaniés affirment pourtant que, avant la première Koutoubiya, et avant Tinmel, les éléments et parfois les formes mêmes du style almohade étaient réalisés. Il n'y a rien là qui doive étonner : dans les premiers sanctuaires almohades on ne trouve que des formes andalouses adaptées au goût des nouveaux maîtres du Maghrib. La délicate élégance de l'arc devant mihrab de la mosquée de Taza fait supposer que tout l'oratoire fut l'oeuvre d'un maître andalou.
 
Dans l'ordre du décor, la mosquée de Taza est avant tout un étonnant répertoire de ce style de transition qui fleurit dans laseconde moitié du XIIIe siècle, aux premiers temps de la dynastie mérinide. Son aînée, la grande mosquée de Fès Jdid n'offre pas une pareille masse de décor. En effet l'oratoire, surtout le carré du mihrab, sont à Taza plus riches et d'un ornement plus varié. Et la mosquée d'Abou Yaqoub garde encore un riche mobilier liturgique : si son minbar est très dégradé, elle possède un grand lustre, unique dans le monde de l'Islam, d'une prodigieuse richesse ornementale et deux autres lustres plus petits, mais eux aussi fort ornés et d'un style très pur.
 
Dans le plâtre scuplté ou dans le bronze ajouré et ciselé, on peut donc, à Taza, voir toutes les formes et saisir toutes les tendances du décor hispanomauresque à la fin du XIIIe siècle.
 
- LA REPARTITION DU DECOR :
 
L'architecte du XIIIe qui eut à restaurer et à prolonger la mosquée almohade devait tout naturellement être tenté de reprendre l'ordonnance décorative du sanctuaire d'Abd el Moumen. Dans l'oratoire, les nefs communes restent sans décor. L'ornement se cantonne dans le T formé par la nef axiale et la travée devant mihrab. Mais aux extrémités de cette travée de simples pavillons de charpente ont remplacé les coupoles à Stalactites qui, dans les mosquées d'Abd el Moumen, égalaient en beauté le dôme même qui précédait le mihrab. Toutefois des arcs à lambrequins supportent encore ces qoubbas plus modestes ; d'autres arcs à lambrequins forment rappel dans les nefs extrêmes de l'oratoire. La travée-nef, entre la coupole du mihrab et les qoubbas de charpente de ses extrémités, reste richenient décorée. Des frises de plâtre sculpté courent sous les p~afonds et descendent jusqu'à la surabaque des piliers. De riches claustra de pierre garnissent les fenêtres. Les arcs des portes qui conduisent aux annexes sud-est ont des encadrements de plâtre sculpté.
 
La nef axiaIe reste, suivant la tradition almohade, plus décorée que les nefs communes. Le dôme de charpente de la anaza par lequel elle débute est récent. Mais peut-être a-t-il succédé à un artesonado mérinite Comme dans la travéenef, de grandes frises de plâtre sculpté couronnent les murs et descendent jusqu'à la retombée des arcs. A Taza, la richesse de la nef axiale s'accroit de tout le décor qui avoisine le lustre. Sous la coupole du lustre règne une large frise d'étoiles polygonales, malheureusement refaite à une date récente. L'arc almohade qui a été conservé au sud-est du lustre a été recouvert de décors floraux : ses deux faces sont aussi luxueusement ornées que les arcs qui supportent la coupole du mihrab.
 
C'est, bien entendu, au mihrab que se trouvent les plus riches décors de toute la mosquée. Le carré devant mihrab est couvert d'une magnifique coupole nervée et ajourée sur trompes à stalactites. Un dôme à stalactites couvre la niche même du mihrab. Le mur du mihrab, la niche elle-même, tout l'espace qui s'étend entre les arcs à stalactites et la base de la coupole sont couverts de riches ornements de palmes séparés et hiérarchisés par des frises épigraphiques et qui s'épanouissent dans les panneaux floraux de la coupole.
 
Ainsi, à la grande mosquée de Taza, la hiérarchie du décor reste dans la tradition almohade. Mais il n'est plus, au chevet de l'oratoire, qu'une seule coupole. La travée devant mihrab est de ce fait un peu moins ornée que dans les mosquées du XIIe siècle. Par contre, la coupole de la anaza et le grand lustre soulignent la dignité éminente de la nef axiale. A la Grande Mosquée et à la mosquée AI Hamra, à Fès Jdid, la travée devant mihrab perd ses coupoles latérales : elle cesse de former un véritable sanctuaire au fond de l'oratoire. Dans le plan comme dans le décor, c'est la nef axiale qui accuse sa prééminence.
LES GRANDES LIGNES DU PLAN
 
La mosquée de Taza est un vaste édifice. Du mur de la qibla au mur nord-ouest elle compte quatorze travées - sur neuf nefs. La nef axiale est plus large que les nefs communes. Toutes les nefs viennent buter sur la travée devant mihrab. Nous avons donc aff aire à une mosquée en T. Une Coupole précède le mihrab : aux extrémités du transept, les coupoles des mosquées du XIIe siècle sont remplacées par de simples pavillons de charpente.
 
La mosquée a neuf portes : deux dans le mur de là qibla trois sur chaque façade latérale, une dans le mur nord-ouest, dans l'axe de l'édifice.
 
La salle de prières est d'une profondeur de huit travées contre quatre pour le sahn, Les galeries entourant le sahn comprennent deux nefs sur chaque côté, deux travées au fond. Le plan de ces annexes est singulier. Les nefs extrêmes des galeries latérales n'atteignent pas l'alignement de la limite nordouest du sahn : l'une butte contre le minaret ; l'autre semble avoir, été limitée pour permettre le passage d'une rue. Les deux travées du fond de la cour sont plus curieuses encore. Leurs nefs ne sont pas en concordance avec celles de l'oratoire et c'est ici la nef axiale qui est plus étroite que les autres.
 
Au chevet de la mosquée se pressent toute une série d'annexes. Un premier groupe, comprend, à gauche du mihrab, la chambre de l'imam doublée d'une bibliothèque, à droite la chambre du minbar. Au sud de deux patios allongés, entourés de portiques sur trois côtés, trois passages conduisent à trois portes donnant sur la rue. La mida, de dimensions réduites, s'étend entre la porte de l'ouest et la porte du centre. L'emplacement symétrique est maintenant occupé par une maison.
 
La façade occidentale de la mosquée est bordée d'une rue qui, au droit des portes, est couverte par trois porches aux toits de tuiles.
 
La façade orientale donne sur une vaste cour plantée d'oliviers : le sahn el kebir qui couvre un espace presque aussi grand que la mosquée elle-même. Un étroit portique la borde. Il est précédé d'une large allée carrelée de zellijs et ponctuée de deux vasques. Au milieu de la cour, s'élève un kiosque couvert d'une coupole dont les arcades avaient été aveuglées. Au fond de la cour, se voient les restes, fort ruinés, de deux petites constructions. Le mur sud-est, percé d'un mihrab en son centre, était précédé d'une galerie couverte - aujourd'hui rétablie - qui servait de mosquée d'été. A chaque extrémité de la galerie occidentale sont aménagées deux annexes : à l'angle sud-est un msid surélevé ; à l'autre extrémité l'escalier qui conduit à la chambre du mouwaqqit, aménagée, au niveau des toits, près du minaret.
 
Le plan de la mosquée - le sahn el kebir mis à part - est d'une parfaite régularité. Tout l'édifice est axé. Les murs extérieurs ne sont jamais infléchis. Les annexes au nord-ouest du sahn et au sud-est de la qibla, qui n'offrent que des irrégularités de détail, enrichissent la composition sans la déséquilibrer.
 
De cet ensemble, il faut dégager la mosquée almohade, les agrandissements mérinites et les adjonctions des siècles derniers.
 
CONCLUSION
 
Par son architecture la mosquée de Taza est bien une des plus imposantes et une des plus régulièrement belles d'Afrique du Nord.
 
Elle vaut d'abord par l'ampleur de ses proportions : si ses façades extérieures, très remaniées dans le détail, n'ont plus la belle régularité de celles de la Koutoubiya et n'ont pas l'imprévu et le pittoresque de celles de la Qarawiyn, la vue de ses toits est aussi belle que celle des grandes mosquées du xiie siècle.
 
A l'intérieur elle apparaît bien dans la tradition des grands sanctuaires almoravides ou almohades. L'agrandissement mérinite n'a fait qu'accroître la profondeur de la salle de prières. Et ce vaste oratoire, aux longues perspectives, tout nové de pénombre malgré sa blancheur, est d'une beauté ferme et grave. Les travées mérinites ont, avec plus de calme encore et moins de puissance, autant de majesté que les travées almohades. Le sahn, blotti au pied du minaret, est bien le frère aîné du sahn de la Koutoubiya. Dans le sahn el kebir, l'abondance des portiques et des fontaines, le jeu des architectures et de la lumière ne sont pas sans faire penser à la cour de la mosquée de la Qasba à Marrakech : les salins latéraux se voient aussi à la mosquée de Salé et à la mosquée de Hassan. Mais l'architecte d'Abou Yaqoub, même s'il a puisé quelque chose de son inspiration dans les monuments de la dynastie précédente, a su faire une ceuvre originale. Et les aménagements postérieurs de cette cour en ont respecté le caractère primitif.
 
On oublie trop souvent que le minaret de Taza est l'ancêtre des grandes tours almohades. Il est, dans son austère simplicité, d'une rare vigueur. De proportions un peu plus courtes que la Koutoubiya, il s'achève par un lanternon plus large et plus trapu que ceux des minarets postérieurs, mais il conserve le bandeau en relief des minarets fassis du xe siècle. Malgré cet archaïsme, il annonce et réalise presque par son élan tout nouveau le type du minaret almohade classique. Toutes les formules architecturales qui triomphèrent une dizaine d'années plus tard aux deux Koutoubiya et à Tinmel ont donc été élaborées dans le premier des grands sanctuaires almohades.
 
Ce minaret sobre et puissant reste le meilleur symbole de la ville forte qu'il domine. Depuis huit siècles, il monte la garde à la crête du plateau, au-dessus des chemins qui mènent des plaines atlantiques aux steppes méditerranéennes et où se décida tant de fois le sort du Maroc.
Traduction: « Lorsque fut communiqué l'ordre du Commandeur des Musulmans et Adjuteur de la religion Abû Ya'qûb, fils du Commandeur des Musulmans qui combattit pour la foi dans la voie du Maître des Mondes Abû Yûsuf (puisse Dieu l'exalter et rendre son souvenir éternel!) de construire l'addition qui fut ajoutée à cette mosquée-cathédrale (puisse Dieu l'ennoblir!), à savoir quatre nefs  du côté de la qibla et deux nefs, une orientale et une occidentale, ainsi que le sahn qui est à l'est de cette mosquée, et de la restaurer et d'y faire des réparations, car toutes ses parties étaient sur le point de s'écrouler et de tomber, on se hâta de construire tout cela. On commença le premier jour de Rabî, I de l'année immédiatement précédente et on en finit dans les derniers jours de Chawwâl 691. Puisse Dieu leur rendre cette oeuvre profitable, qu'Il rehausse leur rang et fasse en sorte que ce qu'ils ont délié et lié soit conforme à ce qu'Il aime et agrée, tout cela par Sa bienveillance et Sa faveur! Et que Dieu répande ses prières sur notre seigneur Muhammad »
Inscription en zellij noir écorché sur le mur contigu à la qibla datant les réparations et agrandissement de la mosquée.
- ALMOHADE ( la fondation de la grande mosquée) :
 
La fondation de la Grande Mosquée (1142). Ce ne fut qu'au XIIe siècle, du fait des Almohades et de la manière la plus inattendue, que Taza devint la grande place d'armes du Maroc Oriental. Après l'échec de la poussée sur Marrakech et la mort du Mahdi, Abd el Moumen, devenu chef de la coalition almohade, renonça à attaquer de front les Almoravides, maîtres des plaines. En sept ou huit ans de luttes obscures et patientes, il chemina vers le nord à travers le Grand puis le Moyen Atlas. Partie de Tinmel l'armée des révoltés déboucha à Taza. La ville fut quelque temps leur point d'appui pour leurs campagnes au Maghrib Central - toujours tenu par les Almoravides -et dans le nord du Maroc. Taza remplaça quelque temps comme base d'opérations Tinmel trop lointain et devint ainsi le second ribat des Almohades. Maître de la ville  Abd el Moumen la fortifia  et la dota d'une grande mosquée - qui forme encore une partie de l'édifice actuel. Les textes anciens ne donnent aucun détail sur cette mosquée almohade et ne précisent pas la date de sa fondation. Suivant le Kitab el Istiqsa les travaux de Tazaauraient été ordonnés par Abd el Moumen en 529 H (1134-35 J.-C.). C'était d'ailleurs au nord de la ville, près de la Grande Mosquée, que se trouvait le palais du gouverneur almohade. Mais la date de 129 H (1134. 1135. J.-C.) donnée, avant le Kitab El Istiqsa, par le Qirtas ne semble -pas devoir être retenue. Les Mémoires d'El Baldaq2 qui nous fournissent une chronologie assez précise des campagnes de Abd El Moumen dans le nord du Maroc laisse supposer que les Almohades ne furent pas maîtres du pays de Taza avant 536 H (1141-1142 J.-C.). La mosquée aurait donc été édifiée dans les années qui suivirent 1142. Victorieux les Almohades n'oublièrent pas Taza. Suivant le Kitab el Istibsar les murailles furent complétées en 1172. Mais Taza n'eut bientôt plus pour les califes almohades qu'une valeur de souvenir. Maîtres de toute la Berbérie ils ne pouvaient redouter une attaque venue de l'Est. Toutefois la ville, qui resta une garnison importante, avait pris dès lors ses dimensions actuelles. Deux minarets de la ville, celui des Andalous et celui de Sidi Azzouz, apparaissent dans leur partie inférieure comme des minarets almohades.
 
- MERINIDES ( l'agrandissement de la grande mosquée) :
 
L'agrandissement de la Grande Mosquée.(1292-1293). - Lorsque l'empire almohade entra en décadence, un groupe de tribus Zénètes qui nomadisaient entre le Tafilelt et le Maroc Oriental, envahit le Maroc du Nord. Ces nomades, suivant la tradition zénète, avaient besoin d'un point d'appui fortifié, ou tout au moins d'une forteresse-refuge. Alors qu'ils commençaient de se répandre dans le Maroc du Nord et de progresser vers Fès, ils occupèrent Taza vers 1220 et la ville semble avoir été leur meilleur point d'appui pour les expéditions qui les rendirent une première fois maîtres de Fès. La réaction du calife Es-Saïd reprit Fès et le pays de Taza, mais pour peu de temps. Le calife ayant été battu et tué au Maghrib Central, les Mérinides ne tardèrent pas à recouvrer les deux villes dont la possession marquait et consolidait à la fois leur domination sur le Maroc du Nord. Pendant cette période troublée, aucune mention de constructions à Taza. Aussi bien les Mérinides n'étaient encore qu'une confédération de nomades imposant leur domination aux sédentaires. Ce n'est qu'après la prise de Fès en 1250 qu'ils commenceront d'organiser un makhzen, et ils ne feront figure de grande dynastie qu'après la prise de Marrakech en 1269. Mais pour les Mérinides comme pour les Almohades, Taza restait liée à la première histoire de la dynastie.
 
Son rôle devait rester considérable. Avant même qu'ils n'eussent abattu les derniers Almohades, les Mérinides eurent à repousser les tentatives d'invasion des Beni Abd el Ouad de Tlemcen, conduits par l'émir Yaghmorasen, le fondateur de la dynastie zianide. La rivalité entre les deux dynasties parentes - les Beni Abd el Ouad appartenaient, comme les Beni Merin, au groupe zénète des Beni Wasin - ne s'apaisa jamais. Les Mérinides tentèrent maintes fois et réussirent pleinement sous Aboul Hassan, puis sous Abou Inan - la conquête du royaume de Tlemcen. Les Abd el Ouadides, militairement plus faibles que les Mérinides, essayèrent de réagir et, sans jamais menacer vraiment le royaume ennemi, poussèrent des incursions en territoire marocain, Les villes du Maroc oriental furent maintes fois dévastées. Les sultans mérinides les relevèrent et les fortifièrent parfois. Mais Oujda, Guercif, Taourirt, déjà éloignées de Fès, ne pouvaient être de solides bastions. Taza fut à la fois la place d'armes et le fort d'arrêt des Mérinides contre les ennemis de l'Est. L'histoire des dynasties antérieures et leur propre expérience leur avaient appris que quiconque est maître deTaza ne tarde guère à s'emparer de Fès.
 
Le fondateur de la dynastie Abou Yousof Ya 'qoub ne put prendre l'offensive contre Tlemcen : il se contenta de repousser toujours avec succès les attaques répétées de Yaghmorasen. Et la guerre sainte en Espagne - où il permit aux Nasrides de consolider leur royaume - absorba une partie de ses forces. Mais son successeur Abou Ya 'qoub Yousof rêvait de prendre Tlemcen, et avant de se lancer dans la grande expédition qui aboutira au siège de Tlemcen et à la construction de Mansoura, il s'occupa avec prédilection de Taza. Les textes ne nous disent pas quels furent ses travaux de fortification 1 mais une inscription sur zellij excisé, rappelle l'addition qu'il fit faire à la grande mosquée.
 
Ainsi les travaux d'Abou Ya 'qoub qui ont consisté en un agrandissement de la mosquée et une réfection de la partie existante, commencés en 1292, étaient achevés en octobre 1293. On verra plus loin, en étudiant le plan et la structure de la mosquée, quel fut le programme exact de ces travaux.
 
Le nom du successeur d'Abou Ya 'qoub reste attaché à l'histoire de Taza. Abou Rebia, qui mourut en novembre 1310, fut inhumé dans le grand sahn de la mosquée. Sa stèle funéraire s'y voit encore. Aboul Hassan - du vivant de son père Abou Saïd vers 723-1324, dota la ville -comme beaucoup d'autres, cités du Maroc - d'une médersa, aujourd'hui bien ruinée'. Le linteau de la porte, les deux chapiteaux du mihrab et quelques restes des zellijs de la cour attestent l'ancienne splendeur de ce petit collège. Enfin on voit encore, sur le mur de la grande mosquée où elles ont été recueillies, deux inscriptions sur marbre rappelant des fondations habous faites par Abou Inan, à un maristan et à une zaouia extra muros.
 
Pour de longs siècles les textes sont muets sur la mosquée de Taza. L'histoire de la ville eLL l'aspect du monument peuvent donner des indications sur les restaurations dont la mosquée fut l'objet.
 
Pour les derniers Mérinides, Taza resta une place fort importante. Ouelquesuns d'entre eux attaqu~,rent encore le royaume abd el ouadite. D'autres eurent à subir des réactions tlmcéniennes. En 1382 la ville fut bloquée pendant sept jours par le sultan abd el ouadide Abou Hammou 3. Mais il n'est nulle trace de travaux exécutés dans la ville à cette époque: après toutes les constructions faites au xiiie et au XIVe siècles, il n'en était sans doute pas besoin.
 
Taza dut souffrir, comme toutes les autres villes du Maroc de l'anarchie, qui marqua les derniers temps de la dynastie mérinide. Léon l'Africain nous a laissé une description de Taza au début du xvie siècle, sous les sultans Beni Wattas. La ville comptait près de cinq mille habitants dont de nombreux juifs. Malgré sa faible population elle restait la grande place forte qui couvrait la capitale du royaume wattassite et elle avait en général pour gouverneur un des fils du souverain.
 
Sous les sultans Saadiens, Taza conserva son importance militaire. Le fondateur de la dynastie saadienne, Mohammed ech-Cheikh avait eu à subir une attaque turque qui amena une éphémère restauration des Wattassides. Pendant toute cette période, les prétendants malheureux allaient demander.appui à Alger et même à Constantinople. C'est avec l'aide d'une armée turques que le saadien Abd el. Malek arracha le Maroc à son neveu Abou Abd Allah qui fut, en 1578, un des vaincus de la bataille des Trois Rois. Les visées turques amenèrent cette dynastie de chorfa, parvenus par la guerre sainte, à se faire l'alliée de l'Espagne, installée à Oran et Mers el Kebir, contre les Turcs d'Alger. Mais les vieilles fortifications de Taza n'avaient pu arrêter les armées turques bien dotées d'artillerie. Ce fut sans doute Ahmed el Mansour qui, pour renforcer les remparts de Taza, éleva à l'angle sud-est de l'enceinte un vaste ouvrage, le Bastioun -inspiré de la fortification européenne de l'époque - qui pouvait à la fois porter de nombreux canons et résister à un bombardement. Mais rien ne rappelle à la grande mosquée le souvenir des sultans saadiens.
 
Taza était destinée à être la première capitale et la première place d'armes des dynasties montantes. Lorsque Moulay Rechid, dans l'anarchie qui accompagna la chute de la dynastie saadienne commença à se poser en prétendant, c'est à Taza qu'il s'installa vers 1665 ; il était déjà maître du Maroc Oriental et tous ses efforts tendaient à la conquête de Fès. 1-1 construisit son Dar elMakhzen au sud de la ville - à l'opposé de la grande mosquée. Mais il n'oublia pas le grand sanctuaire de sa capitale provisoire. L'aménagement du grand sahn avec ses deux galeries occidentale et méridionale - cette dernière servànt de mosquée d'été- et sa fontaine. centrale, semble bien dater de cette époque, ainsi que de menues réparations de l'oratoire. On peut donc, avec vraisemblance, attribuer ces travaux à Moulay Rechid, soit qu'il les ait fait exécuter lors de son séjour à Taza, soit qu'il les ait ordonnés un peu plus tard, pour marquer l'intérêt qu'il portait à la ville de ses débuts.
 
Sous la dynastie alaouide, malgré deux poussées de Moulay Ismaïl en territoire algérien, les relations allèrent s'améliorant entre l'empire chérifien et l'Algérie turque. Depuis les derniers Saadiens d'ailleurs le Maroc n'avait plus rien à redouter de ses voisins orientaux. Le Bastioun, devenu la citadelle de l'ancienne place forte, servit de point d'appui, en 1673, aux troupes du prétendant Ahmed ibn Mahrez qui luttait contre Moulay Ismaïl. Le sultan assiégea en vain le Bastioun qui résista au bombardement et aux tentatives de sape. Ahmed ibn Mahrez devait succomber plus tard en rase campagne. Ainsi Taza n'était plus qu'une place makhzen entre bien d'autres. Et Moulay Ismaïl qui bâtit tant de forteresses semble n'avoir rien fait pour la ville qui lui avait résisté. Taza perdit ainsi avec son importance militaire, le meilleur de sa vie. Ce n'était plus, dans une enceinte trop vaste, qu'un marché pour les ruraux et un petit centre artisanal.
 
Les pays qui auraient dû former sa clientèle, échappaient le plus souvent à l'action du Makhzen : ainsi en fut-il presque toujours des tribus du Moyen Atlas, et, à maintes reprises, des plus proches voisins de la ville : les Ghiata. Toutefois un des sultans alaouites, Sidi Mohammed ibn Abdallah, qui régna de 1759 à 1790 s'intéressa à cette ville ancienne qui restait une des places makhzen: il restaura, nous dit En-Naciri, « la mosquée et la médersa de Taza 1». A cette campagne de travaux il faut sans doute attribuer certaines réfections de détail, - assez malencontreuses - de la mosquée, en particulier les portes de la façade sud-est.
 
Sous Moulay Abd el Aziz, Taza fut la capitale du rogui Bou Hamara, qui installa dans les restes du Dar el Makhzen de Moulay Rechid mais ne fit rien pour la grande mosquée.
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